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La genèse
En 1947, œuvrait une association culturelle et caritative dénommée «Les Jeunes Musulmans», dirigée par cheikh Salah Enneifer. Elle prenait en charge, entre autres de ses activités, une école pour jeunes filles musulmanes sise rue des Selliers à Tunis.
Un jour que je lui rendais visite afin de lui remettre une aide à ses élèves nécessiteux, il me déclara que son association comprenait par ailleurs une section de scouts et de football au Bardo.
Il m'avait dit : "Puisque vous êtes médecin au Bardo, vous serez aimable d'épauler son action".
En juillet 1947, une délégation vient me voir comprenant le président de la section de football BEN EZZEDINE, le secrétaire général Hamadi BEN MAHMOUD, un industriel du Bardo Habib BEN MOKTAR DZIRI et un jeune joueur dirigeant Slah DAMERGI. Cette délégation était venue m'inviter à une veillée à l’occasion du 27ème jour de Ramadan. La réunion se tenait dans le sous-sol de la villa BEN AMOR.
Quelle ne fut pas ma surprise quand à la fin de la réunion, les assistants se sont mis à applaudir et à crier : « Dr BEN SALEM Président !».
Je répondis que j'étais flatté mais que je ne connaissais rien au football ajoutant que je réservais ma réponse car mes obligations professionnelles ne me laissaient guère de temps.
Peu de temps après, Habib BEN MOKTHAR accompagné de Slah DAMERGI sont revenus à la charge pour me persuader d’accepter de prendre la direction la section de football de l'Association des jeunes musulmans du Bardo.
La Tunisie sous protectorat français était en manque de présidents directeurs généraux, d'industriels et d'hommes d'affaires tunisiens importants. Les médecins autochtones étaient si rares mais représentaient souvent les figures de proue des clubs sportifs. C'est ainsi que par exemple le Club Africain était présidé par Docteur AOUIDJ SALAH, l'Espérance par Docteur ZOUITEN et l'Etoile Sportive du Sahel par Docteur GHACHEM. L'association des Jeunes Musulmans a jeté son dévolu sur le médecin du Bardo, le Docteur BEN SALEM, espérant ainsi se hisser au niveau de ces clubs prestigieux.

Les débuts
J'avais convoqué une assemblée générale extraordinaire de l'Association des Jeunes Musulmans du Bardo pour fonder un club omnisports et puisque à ce moment là toute activité avait un sens nationaliste, j'avais décidé de nommer cette association Stade Tunisien.
Quelques semaines plus tard, les statuts nous revenaient avec l'agrément … Mais sous l'appellation de Stade Tunisois. Ce qui était loin d'être pareil, Tunisien, c'est une nationalité ; tunisois c'est n'importe quel habitant de la ville de Tunis.
Il a fallu donc revenir à la charge, et après moult démarches, l'appellation de Stade Tunisien fut acceptée.
Il fallait ensuite choisir les couleurs, avec Habib BEN MOKTHAR et Slah DAMERGI nous avions opté pour le rouge et vert pour les raisons symboliques suivantes : le rouge couleur du sang, du feu, symbole de l'énergie et de la virilité. Le vert complémentaire du rouge, couleur de l'espoir, cet état d'attente confiante qui doit toujours prévaloir. Le choix des couleurs était tout un programme, et depuis nous avions essayé d'inculquer à nos jeunes les qualités de ces deux couleurs. Lors de la première réunion du club, les dirigeants avaient offert des gâteaux vert et rouge qu'on appelait « baklaouet El bey », c'est aussi l'origine du mot « Baklaoua »qui colle à la peau du Stade Tunisien, comme ses couleurs. Ainsi est né le Stade Tunisien en Juillet 1948.
Nous avions commencé avec la seule section de football en division 4. Mais il fallait parallèlement structurer cette association et se procurer une salle et un stade d'entrainement.
Faisant une discrète enquête, j'avais découvert que le terrain du « Bardo Sports » était un bien de la couronne c'est-à-dire du domaine public. Etant conseiller municipal, je fis des démarches auprès du Directeur des Domaines, Mr ISTRIA, pour que ce terrain soit affecté à la commune du Bardo, ce qui fut fait. C'est pour moi une première étape.
Le conseil municipal, dont le président est Monsieur PRA, gros colon influent du protectorat, comprenait quatre tunisiens. Nous avions attendu patiemment une réunion du conseil municipal en juillet où la plupart des conseillers français étaient absents et où nous, tunisiens étions en majorité pour décider d'affecter ce terrain au Stade Tunisien.
Au retour des autres conseillers, il y eut un gros remue-ménage pour s'opposer à cette décision. Le conseil municipal juridique du protectorat n'a pu trouver aucune irrégularité puisque la décision des conseillers présents était unanime. Alors, nous avions commencé notre action ; d'abord, construire une grande salle de sports, nous avions la foi qui, comme on le sait, soulève des montagnes. Les plans déposés à la municipalité par Rachid TURKI qui y était secrétaire, le visa obtenu, Habib BEN MOKTHAR demanda à son entrepreneur BERTOUGLIA de bien vouloir travailler, avec son équipe de maçons italiens, gratuitement un dimanche. Les ouvriers étaient les dirigeants et les jeunes. Et, à la fin de la journée, les fondations et les chainages étaient terminés …
Cela nous a coûté quelques kilos de macaronis pour le repas de midi ! Chaque dimanche, nous opérions de même et au bout de trois mois la salle était terminée ! En fait, Habib BEN MOKTHAR et moi-même n'avions déboursé que l'équivalent de 700 dinars pour une salle couverte de 500 mètres carrés, ce qui était insignifiant à cette époque … 35 millimes le mètre carré ! Les frais comprenaient aussi le prix de la plaque commémorative posée lors de l'inauguration, plaque que les nouveaux venus n'ont pas manqué de détruire en Août 1957 … car il fallait faire table rase du passé, lamentable !

Le travail d'une équipe
L'infrastructure acquise, le bureau constitué, il fallait adopter une méthode de travail et répartir les responsabilités. Le bureau se réunissait tous les mardis à 19 heures. Malgré cet accord, le secrétaire devait chaque fois envoyer une convocation écrite à chacun des membres et souvent le président téléphonait pour rappeler la réunion. Pourquoi ce choix de mardi ? C'était pour pouvoir en même temps parler des rencontres du dimanche précédent et préparer celles à venir. Les réunions commençaient toujours à l'heure, il n'y avait pas de perte de temps. Le président dirigeait selon la définition légale, c'est à dire : faire travailler les autres tout en étant responsable du résultat de leur travail.
Ainsi les tâches étant judicieusement réparties, tout marchait convenablement. Chaque année l'activité du club s'enrichissait de nouvelles sections. Ainsi, se sont ajoutées les sections de boxe, de volley-ball, de cyclisme, de basket-ball, d'athlétisme, de judo, de natation et plus tard de hand-ball.

Relations avec les autres clubs
Les relations du Stade Tunisien avec les autres clubs étaient courtoises et quelques fois affectueuses. Un jour, en 1955, le Docteur ZOUITEN président de l'Espérance Sportive qui à cette époque ne disposait pas d'un terrain d'entraînement est venu demander au président du Stade Tunisien l'autorisation pour ses joueurs de pouvoir disposer de son terrain. Le Stade Tunisien a mis à la disposition de l'Espérance non seulement le terrain mais aussi toutes les installations, vestiaires, salle de culture physique et douches.

Présidents :
Durant ses 50 ans d'existence, le Stade Tunisien n'aurait connu que 13 présidents, le premier ayant été le Docteur Mohamed Ben Salem. Lui ont succédé le Docteur Salah Azaïez, le Docteur Abdessalem Mestiri, Ali Cherif, Ajmi Slim, Mohieddine Bachraoui, Habib Mokthar, Hédi Neifar, Le docteur Youssef Ben Ammar, Mohamed Achab, Khaled Sanchou, Chedly Karoui, Moncef Cherif, Jalel Ben Aïssa, Mohamed Achab pour un second mandat et actuellement Mohamed Dérouiche.